Le cinéma de Tietie007.

Le cinéma de Tietie007.

L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL.

 

En 1970, un jeune réalisateur, Dario Argento, sortit son premier film, L'oiseau aux 7 plumes de cristal, un thriller d'un genre nouveau, qualifié de Giallo. Fils de producteur, cinéphile, Argento avait travaillé, avec Bernardo Bertolucci, sur le scénario d'Il était une fois dans l'Ouest, de Sergio Leone et décida, juste après, de passer à la réalisation. Dans l'Uccello, un écrivain américain, Sam Dalmas, joué par Tony Musante, rentrant dans son appartement romain, est témoin, à la nuit tombée, d'une scène étrange, un individu en noir et une femme en blanc, se battant dans une galerie d'art.


Impuissant, Dalmas ne peut que mirer l'agression, terrorisé par une Eva Renzi suppliante,


entourée de statuettes inquiétantes.


Interrogé par l'inspecteur Morosini, joué par Enrico Maria Salerno,


Sam Dalmas revit la scène,


 en ayant l'impression qu'un élément ne collait pas. La police italienne se fit alors scientifique,


en utilisant l'univers aseptisé des ordinateurs Honeywell !


Devant l'impuissance de la police, Sam, intrigué par la scène de la galerie, initia sa propre enquête, de son appartement romain,


qu'il partage avec sa charmante compagne, Julia, jouée par Suzy Kendall.


 

Ici commence alors une double narration, celle de l'enquête de Tony Musante et du périple sanglant du tueur psychopathe, qui se résume à un rasoir omniprésent,


et à des rictus terrorisés.


On sent de suite l'influence de Michelangelo Antonioni, dans la manière sophistiquée qu'à Argento de narrer son histoire, avec des personnages sortis de magazines de gravure de mode, évoluant dans un décor parfois kitsch, souvent moderne, entre pile de livres et Black Power,


clin d'oeil continuel du réalisateur à une réalité extérieure, jeu permanent avec le spectateur, puisque l'anarchie livresque se dissout au fil du film.


Les références sont explicites chez Argento, comme cet Einstein qui évoque la relativité du temps et de l'espace,


collant bien avec le thème du film, ou cette évocation de La donna scarlatta (La femme écarlate), de Jean Valère, avec Monica Vitti, Maurice Ronnet et Robert Hossein,


qui ressemble à une "private joke" à destination d'un des acteurs du film, note facétieuse, intertextualité qui fait de l'Uccello une oeuvre à plusieurs niveaux de lecture.

Si Dario fait de l'Antonioni avec la préciosité de ses décors et de ses personnages, dans la thématique du détail caché dans une oeuvre picturale, qui pourrait avoir été peinte par Peter Brueghel l'Ancien,


et qui rappelle Blow up,


 

il mime aussi Hitchcock dans sa grammaire cinématographique, faite de gros plans,


de regards inquiets,


de lumières en biais,


de jeunes femmes hébétées.


Evidemment, je ne vous donnerai pas la clé de l'histoire et l'identité du tueur,


mais je vous conseille vivement de regarder cet Uccello, peut-être le meilleur film d'Argento.

 

 



17/11/2013
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