Le cinéma de Tietie007.

Le cinéma de Tietie007.

REALISATEURS.


HITCHCOCK, AUTEUR OU BON FILM-MAKER ?

 

 

 


06/01/2023
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C'ERA UNA VOLTA SERGIO LEONE.

 

En 1964, alors que les Cheyennes de John Ford et La charge de la 8eme brigade, de Raoul Walsh portaient haut le western classique américain, d'Italie, un OVNI cinématographique sortait dans les salles, Pour une poignée de dollars, d'un certain Bob Robertson avec un acteur quasi inconnu, Clint Eastwood

 


 

Le film eut tant de succès, que deux autres opus sortirent par la suite, Pour quelques dollars de plus et le cultissime "Le bon, la brute et le truand", qui donna lieu à la fameuse "trilogie du dollar". Dès le premier opus, le style cinématographique léonien se fixait et se caractérisait par une nouvelle grammaire esthétique par :

- l'utilisation de gros plan, sur les visages, mais aussi sur d'autres éléments du corps (les mains) ou des attributs vestimentaires (les bottes).

- les plan-séquences et les vues en plongée ou en contre-plongée.

mais elle s'illustrait aussi par l'omniprésence de la musique, élément essentiel dans la philosophie léonienne, avare de dialogues, qu'il remettait au cœur de l'œuvre cinématographique alors que jusque là, les BO musicale n'avait de fonction que décorative. Pour Sergio, la musique (ou les bruits) devait remplacer les dialogues, reflétant l'âme d'un personnage ou l'ambiance d'une scène et il la faisait composer, par Ennio Morricone, avant même de commencer le tournage de ses films !!  La scène d'ouverture d'Il était une fois dans l'Ouest est, à ce titre, édifiante, avec près de 10 minutes presque sans un seul dialogue !

 


 

Car la Masterpiece du cinéaste romain fut bien C'era una volta il West, film qui est resté visible en salle, pendant plus de 10 ans, à Paris.

 


 

Ce nouveau western, sortit en 1969, inaugurait une nouvelle trilogie, narrant la geste américaine, avec un style léonien qui allait mûrir, se densifier, plongeant le spectateur dans les obsessions du cinéaste. Dans ce premier opus, Leone traite le thème de la cupidité des hommes, mus par l'appât du gain, qui avait été largement abordé dans sa "trilogie du dollar", mais y rajoute aussi le thème de la vengeance, avec des effets de flash back qui, désormais, caractériseront sa narration. Cette profondeur mémorielle, dilatant l'horizon temporel de ses films, nous les retrouverons dans Il était une fois la Révolution et Il était une fois en Amérique.

Dans Giu, la Testa, ou Duck, you sucker, curieux titres italien et anglais, 

 


 

Leone nous replonge dans le passé des personnages, filant la métaphore sur la trahison des hommes en politique, notamment chez les révolutionnaires, héros de la lutte des classes qui peuvent composer avec le pouvoir pour sauver leur vie, vision désabusée de la nature humaine qui transpire dans tous les films du cinéaste italien. Ce rapport avec le passé fut porté à incandescence, dans son dernier opus, Il était une fois en Amérique,

 


 

ou outre le cynisme et la cupidité des hommes, thème léonien par excellence, se déploie une nostalgie de l'enfance, paradis perdu pour des adultes rongés par le pouvoir et l'argent, qui transparaît dans cette scène :

 


 

Pour en savoir plus sur le grand Sergio, vous pouvez regarder cet excellent documentaire, rempli d'anecdotes savoureuses :

 


 

 


02/09/2017
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FELLINI VERSUS VISCONTI.

 

Le cinéma italien a été dominé par deux géants, après-guerre, Federico Fellini et Luchino Visconti. Mais les deux hommes furent, pendant longtemps, jusqu'en 1970, en complète opposition. Luchino Visconti était issu d'une famille aristocratique milanaise alors que Fellini venait de la petite bourgeoisie commerçante de Rimini, deux conditions sociales divergentes qui allaient jusqu'à influencer leur style cinématographique.

Curieusement, l'aristocrate Visconti fit son apprentissage auprès de Jean Renoir, sur une Partie de campagne (1936) et c'est durant cette campagne de France qu'il connût son "chemin de Damas", lui le nobliaux qui se convertit au matérialisme marxiste ! Fellini fit son école auprès du maître du néo-réalisme, Roberto Rossellini, dans Rome, ville ouverte (1945).

En 1954, les deux hommes réalisèrent deux oeuvres majeures. Visconti commençait à s'éloigner du néo-réalisme en privilégiant les reconstitutions historiques, ce fut Senso,


où l'on retrouvait Massimo Girotti, le Gino amoureux de Clara Calamaï, dans Ossessione (1943) alors que Fellini laissait cour à sa rêverie populaire dans La Strada, avec Anna Magnani.


Les deux films illustraient les différences de style, solennel et légèrement pompeux pour Luchino, léger et émouvant pour Federico ! Leur rivalité fut exacerbée à la Mostra de Venise, la même année, où Fellini reçut un prix mais pas Visconti !

En 1960, les deux cinéastes se trouvèrent une nouvelle fois en compétition. Fellini avec sa délicieuse Dolce Vita, variation sur l'oisiveté des élites romaines,


 

Visconti retournait à son néo-réalisme avec Rocco et ses frères.

 


 

Luchino fut tellement irrité par le succès du film de son homologue, qui faisait scandale de l'autre côté des Alpes, qu'il avait affirmé que Fellini avait filmé ses maîtres ce qui provoqua l'ire de Federico, qui revendiqua son origine populaire face au mépris de l'aristocratie milanais !

En 1963, les deux réalisateurs sont à nouveau en compétition, avec Le Guépard, vaste fresque historique sur l'aristocratie sicilienne,

 


 

alors que Fellini filait la métaphore égotiste dans 8 1/2, histoire d'un réalisateur à cours d'idée pour faire un film !


 

Les deux hommes épousaient alors une direction totalement différente, l'un, narrant les remous mélodramatiques de l'histoire italienne, l'autre, s'adonnant de plus en plus à la rêverie. L'un rigoureux sur le réalisme de ses oeuvres, l'autre chaotique dans ses chemins oniriques, l'un maître du plateau, l'autre bordélique à souhait ! Seul le musicien Nino Rota partageait les deux hommes !

C'est au festival de Spolète, en 1970,  que les deux hommes se réconcilièrent, l'un pour le Satyricon, oeuvre curieuse de Fellini, l'autre, pour le tragique Les Damnés. Les deux géants du cinéma italien faisaient alors la paix.

 



12/02/2017
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FRANçOIS TRUFFAUT : L'HOMME QUI S'AIMAIT.

 

François Truffaut a passé sa vie à se filmer. D'Antoine Doinel à la Nuit américaine, en passant par l'Homme qui aimait les femmes, le pape de la Nouvelle Vague a passé son temps à narrer sa vie, ses passions féminines, inventant une forme de post-modernisme cinématographique, rompant avec le cinéma de genre pour dévoiler son obsession égotiste. Sa nuit américaine, avec la délicieuse Jacqueline Bisset, fut son feu d'artifice narcissique, filmant Truffaut en train de faire un film, long-métrage curieux et quelque part réussi, qui avait fâché Jean-Luc Godard, autre tenant de la Nouvelle Vague, qui ne put supporter ce manifeste individualiste, alors qu'il sombrait dans la passion collectiviste post-soixanthuitarde !

 


 

Car le cinéma de Truffaut, à cette époque fort politisée, était totalement apolitique, tendu vers l'autoportrait, et les relations hommes-femmes, beaucoup plus sociétal que social, et il n'est pas étonnant qu'il fut fasciné par Alfred Hitchcock, cinéaste féru de psychanalyse et de blondes bien sages qui concevait un film comme un exercice de style, totalement détaché de tout réalisme.

 



C'est par cette thématique nouvelle, cette hypertrophie du Moi, que Truffaut est devenu célèbre, même outre-Atlantique, puisque Steven Spielberg l'embaucha même pour jouer un scientifique français, dans Rencontre du 3eme type, curieux rôle dans une super-production américaine, lui qui faisait plutôt des films à petits budgets.

Le cinéma de Truffaut illustre cette évolution des mentalités des années 60, en Occident, avec ce quant-à-soi triomphant, loin des utopies collectivistes déclinantes, un cinéma intimiste, où l'individu est roi et la société aliénante, un manifeste quasi-anarchiste version  Max Stirner plutôt que Bakounine !

 



17/01/2017
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MICHAEL CIMINO VERS L'ENFER OU LE PARADIS ?

 

Michael Cimino s'en est allé, en toute discrétion, comme gêné de faire la Une de l'actualité culturelle. Car, à l'instar de Terence Mallick ou de Stanley Kubrick, le cinéaste américain se faisait plutôt rare ! Cinéaste éclectique, il restera célèbre pour ses deux opus culte, Voyage au bout de l'enfer (1978), variation sur les traumas de l'Amérique post-guerre du Vietnam et pour son western fleuve, Les Portes du Paradis (1980), dont l'échec retentissant fit couler United Artists et en fit un cinéaste maudit ! Maudit je ne sais pas, mais désenchanté, sûrement, comme le fut son Voyage au bout de l'enfer dont j'ai fait une critique (ici), il y a déjà 5 ans ! Ecoutez la magnifique mélodie de The Deer Hunter,  écrite par John Williams, entre nostalgie et désespérance ! Ciao, Michael !

 



03/07/2016
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