Le cinéma de Tietie007.

Le cinéma de Tietie007.

DRAME


FRANçOISE ARNOUL ET LE FRUIT DéFENDU.

 

Un singulier film dans la filmographie d'Henri Verneuil. Plutôt connu pour ses films d'action comme le célébrissime Clan des siciliens ou par ses comédies, comme La Vache et le Prisonnier, ce Fruit défendu (1952) est curieux à double titre. Premièrement c'est un vaudeville bourgeois, genre peu filmé par notre cinéaste d'origine arménienne et secundo, Fernandel, qui a filé la métaphore comique durant toute sa carrière, joue ici un médecin rangé qui devient possédé par le "démon de midi" ! Celui qui fut Ignace joue là le docteur Pellegrin, un veuf tristounet, en charge de deux enfants,

 


 

qui, à Arles, rencontra la belle Armande, jouée par Claude Nollier,

 


 

une bourgeoise "plan-plan" plus intéressée par la comptabilité que par les désirs de son médecin de mari.

 


 

Le bon docteur Pellegrin, notable arlésien, qui se fait tirer le portrait si bien,

 


 

s'ennuie avec sa nouvelle femme ! Lors d'une escapade marseillaise, pour faire quelques emplettes, voici que Fernandel rencontra, à la gare Saint-Charles, la jeune Martine, jouée par Françoise Arnoul,

 


 

donzelle qui loin du classicisme d'Armande, respire la sensualité ! Le bon docteur Pellegrin est totalement envoûté par cette créature,

 


 

qui le mène par le bout du nez,

 


 

et le pousse à mentir à sa femme !

 


 

Fou de Martine,

 


 

rongé par la concupiscence,

 


 

notre médecin de province embaucha sa maîtresse comme son assistante, pour la garder près de lui et pour tromper sa femme. Mais voilà, Armande n'est point dupe, et va découvrir le pot aux roses,

 


 

mettant le docteur devant un choix cornélien ! Garder sa bourgeoise plan-plan ou se consumer avec sa jeune maîtresse ?

 


 

Notre notable choisira la première solution, et la morale sera sauve. Ce long-métrage qui n'est pas resté dans l'histoire et comme je l'ai déjà dit, singulier par ce rôle, à contre-emploi, de Fernandel, mais m'a aussi fait découvrir la belle Françoise Arnoul, le "fruit défendu", qui électrisa le bon docteur,

 


 

avec ce charme quasi diabolique !

 


 

Car pour l'année 1952, certaines scènes avec Françoise sont assez osées,

 


 

et ont du faire fantasmer quelques hommes des années 50 ! Oubliée aujourd'hui, Françoise Arnoul fut, à son époque, la concurrente affichée de Brigitte Bardot, avec son jolie minois et son caractère en acier trempé ! Ce Fruit défendu vaut donc surtout pour la découverte de cette actrice dans un rôle  de tentatrice qui affole les sens de Fernandel ! Une curiosité dans la filmographie de Verneuil.

 


 

 


05/03/2017
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JAMES DEAN, NATHALIE WOOD, SAL MINEO, LA MALEDICTION DE LA FUREUR DE VIVRE.

(Sal Mineo, James Dean, Nathalie Wood)

 

En 1955, Nicolas Ray, avec sa Fureur de vivre, projetait James Dean au sommet de la gloire cinématographique, nouvelle icône de la jeunesse américaine. La Fureur est surtout le témoignage sociologique de la montée en puissance des jeunes dans la société américaine et du déclin de la famille patriarcale, et annonce, déjà, les révoltes étudiantes des années 60 qui virent l'irruption de la classe jeune sur la scène politique.  Le film de Ray est avant tout une étude psychologique des rapports parents/adolescents plutôt qu'un manifeste politique, mais il consacre les jeunes en tant que "sujets", prodrome indispensable à une consécration citoyenne future.

Mais au-delà du long-métrage, le destin des trois acteurs principaux fut tragique. James Dean fut victime d'un accident de la route, la même année,

 


 

fauché en pleine gloire. Sal Mineo,

 


 

lui, fut assassiné par un toxicomane en manque, à Los Angeles, en 1976, alors qu'il rentrait chez lui. John Lennon offrit une forte récompense pour retrouver le meurtrier, un certain Lionel Ray Williams.

Quant à Nathalie Wood,


 

elle disparut en mer, en 1981, tombée d'un yacht où son mari, Robert Wagner et un ami, Christopher Walken, passaient une soirée bien arrosée ! On la retrouva noyée, peu après, elle avait 43 ans.

Pour ces trois acteurs, la fureur de vivre a été rapidement mortelle.

 



27/12/2016
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UN SOIR, UN TRAIN.

 

Dans la blafarde Belgique, André Delvaux nous livre un curieux opus existentialiste (1968) sur fond de querelle linguistique, dans la lignée de Michelangelo Antonioni, grand cinéaste de l'incommunicabilité. Un professeur de sémiologie, Yves Montand, qui aime les huîtres et le vin blanc, 

 


 

vit avec Anne, interprétée par Anouk Aimée, théâtreuse dépressive.

 


 

Anne s'ennuie dans son exil belge, malgré la concupiscence affirmée de son compagnon linguiste, qui la mange de son regard inquiet. 

 


 

Une conférence à Anvers mène le couple dans un compartiment de train, où l'on peut contempler à souhait le regard d'Anouk.

 


 

La réalité se dissout alors laissant place au rêve d'un Montand qui se perd dans ses souvenirs. Une escapade à Londres, dans le quartier Rotherhithe

 


 

un embarquement au Cherry Garden Pier

 


 

un train qui va, laissant l'anti-héros dans la campagne flamande, 

 


 

blafarde et brumeuse, accompagné d'un étudiant et d'un professeur en religion. Le trio atteindra un village, entrant dans un cinéma glorifiant le parachutisme (??), avec des spectateurs désincarnés, absents, et toujours l'image de la femme Aimée.

 


 

Vous aurez compris qu'il ne se passe pas grand chose dans ce film qui s'inscrit dans le mouvement de l'anti-narration, proche du Nouveau Roman voire de la Nouvelle Vague. Delvaux, le belge, s'inspire d'Antonioni l'italien, pour filmer la vacuité de l'existence, avec des individus qui hésitent entre déterminisme et libre-arbitre, qui se meuvent dans le brouillard de la vie. L'époque n'est déjà plus aux grands rêves collectifs mais à la post-modernité individualiste, où la marche du monde se résume au quant-à-soi du couple, aux rapports à l'autre, entre désir et désirspoir. Dans ce monde d'intellectuels, de mandarins verbeux, l'espoir d'un monde meilleur se fracasse sur les difficultés du couple, qui sombre dans une douce mélancolie. 

Evitez de regarder ce film si vous êtes dépressif ou de mauvaise humeur, mais laissez-vous tenter si vous avez besoin de quiétude nordique et si vous appréciez les grands yeux d'Anouk Aimée.

 


 

 

 


10/10/2015
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THE MISFITS OU LA FIN D'UNE EPOQUE.

 

Il y a des films qui transcendent leur statut artistique pour passer dans l'histoire du cinéma, témoin du début ou de la fin d'une époque. The Misfits, tourné par John Huston, en 1961. Le long-métrage, scénarisé par Arthur Miller, dernier époux de Marilyn, narrait la fin du vieil Ouest, avec ses derniers cow-boys traînant leur vieille carcasse dans des kermesses équestres. Les grands espaces et les hommes de l'Ouest étaient remplacés par cette Amérique citadine, des gratte-ciel et de Wall-Street, renvoyant cette Amérique profonde dans les tréfonds de l'histoire.

Cette histoire de déclin inexorable de cette Amérique des pionniers allaient se conjuguer avec la fin d'une certaine époque du cinéma, celle des grands studios, des étoiles de l'entre-deux-guerres, comme Clark Gable, ou des jeunes premiers des années 50, comme Marilyn Monroe et Montgomery Clift.

Clark Gable, mythique Rhett Butler dans Autant en emporte le vent, émouvant dans le rôle d'un vieux cow-boy déchu, mourra peu après la fin du film et The Misfits fut le dernier rôle de Marilyn. Quant à Monty Clift, survivant d'un terrible accident de voiture, les années 60 furent une lente descente aux enfers. Et puis il y a la lancinante musique d'Alex North pour accompagner cette lente descente ...


 

 


13/03/2015
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LE DESERT ROUGE.

 Le désert rouge est le premier film en couleur de Michelangelo Antonioni. L'action ou plutôt la non-action se déroule dans une ville industrielle du nord de l'Italie,


 

sous un ciel bas et lourd, paysage saturé de cheminées d'usines, de monstres d'acier, de brouillard toxique,


 

de tuyauterie diverse et variée.


 

Dans ce monde de fumées et de ferrailles, allégorie du productivisme industriel version Magnitogorsk, il y a Giuliana, jouée par l'égérie d'Antonioni, Monica Vitti, qui ballade son mal-être dans ce paysage qui rappelle l'Enfer de Dante.


 

Femme d'Ugo, directeur d'un site de production, Monica erre sa névrose dans le combinat décrépi, poursuivi par Corrado, interprété par Richard Harris, grand ponte du combinat. La narration se résume alors à une présence, celle de Monica, silencieuse et hébétée,


curieuse des assiduités de Richard Harris,


toujours mystérieuse,


 

avec son regard perdu vers l' horizon.


 

Antonioni se fait alors le témoin de ce monde industriel désincarné, laid et pollué, version pessimiste des Temps Modernes de Chaplin, qui s'humanise, parfois, via un regard,


plein de concupiscence froide.


 

Ni narration classique, ni film à thèse, Antonioni filme l'inhumanité de la société industrielle et son cortège de névroses silencieuses, version Prozac issu de ce brouillard poussiéreux.

 


 

Toxique univers,


qui tue même les oiseaux.


 

Pessimiste et névrosé, ce désert rouge stigmatise cette société industrielle hideuse remplie de ferrailles et de déchets, habitée par des êtres désincarnés.


 

Antonioni, le maître de l'anti-narration, arrive à nous captiver par cette atmosphère étrange, faite de vacuité silencieuse et d'inertie blafarde. Ne pas regarder si on est dépressif ou durant un week-end pluvieux.

 


 


02/12/2013
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