Film Noir.
GAS-OIL, LA RENCONTRE ENTRE JEAN GABIN ET MICHEL AUDIARD.
Gas-Oil est un film de Gilles Grangier, sorti en 1955, avec Jean Gabin et Jeanne Moreau
qui vont filer doux sur des dialogues de Michel Audiard. C'est d'ailleurs la première collaboration entre les deux hommes, qui en appela d'autres, comme avec Gilles Grangier avec qui l'acteur tourna pas moins de 12 films. Jean Gabin, qui était revenu sur le devant de la scène, l'année précédente avec Touchez pas au Grisbi, joue ici le rôle d'un camionneur en butte à un trio de truands parisiens interprétés par Roger Hanin, Jean-Marie Rivière et Bob Ingarao.
Gilles Grangier fait partie de ces réalisateurs populaires de l'après-guerre, narrant la vie de la France profonde, celle qui se lève tôt,
dure au mal, aimant la bonne chair
et le petit ballon de rouge.
Le cinéma de Grangier, sans prétention, avait une dimension sociologique certaine, filmant la geste du peuple français dans les 30 Glorieuses, dans toute sa diversité qu'incarnait les nombreux seconds rôles du cinéma français de l'époque, comme Robert Dalban,
Marcel Peres,
Marcel Bozzuffi.
ou Jean-Marie Rivière, futur directeur du Paradis Latin, à Paris.
Mais ce Gas-Oil, où s'opposent un Jean Gabin quinquagénaire,
et le jeune Roger Hanin,
avec une Ginette Leclerc, veuve joyeuse qui essaie d'attendrir notre Jeannot,
s'ouvre aussi sur une certaine modernité, qui prend le visage de la jeune institutrice jouée par Jeanne Moreau, ci-dessous sponsorisée par Pernod et Martini,
future égérie de la Nouvelle Vague, qui a tant détestée le cinéma de Grangier, et qui dans son couple, assez mal assorti, avec Gabin,
amène une forme de légèreté qui amène une touche de modernité à ce bréviaire de la France profonde, une transition entre les charentaises confortables du Gabin et les ballerines élégantes de Jeanne.
Gas-Oil n'est pas un chef d'oeuvre, mais un film populaire, qui incarne une certaine qualité à la française, avec Jeanne Moreau qui amène un zeste de modernité dans ce film d'une facture très classique.
THE LODGER DE JOHN BRAHM (1944).
The Lodger, est une variation sur le thème de Jack l'Eventreur par le réalisateur anglais John Brahm. Le film est intéressant par son ambiance nocturne, brumeuse, photographiée par le talentueux Lucien Ballard, directeur de la photographie qui eut une carrière d'un demi-siècle, qui commença avec Josef von Sternberg et qui travailla avec Kubrick, Hathaway ou Sam Peckinpah !
Si les stars du film sont George Sanders
et Merle Oberon,
c'est l'acteur Laird Cregar qui va éclipser tout le monde. Dans le rôle d'un inquiétant médecin, souvent filmé en contre-plongée,
avec ce regard pénétrant et ostentatoire, typique du jeu théâtral,
figeant son auditoire,
sournois,
omniprésent,
il est la vraie star du film, chassé par l'inspecteur joué par George Sanders.
Le final verra un feu d'artifice d'expressions folles, avec Laird Cregar comme envoûté par une force maléfique !
Cregar mourut prématurément, d'une crise cardiaque, en décembre 1944, certainement pour ça qu'il est peu connu des cinéphiles.
Enjoy the picture !
MEMORABLE MEMENTO.
Les polars originaux ne courent pas les pellicules et ce Memento fut la bonne surprise de cette année 2000 et certainement le polar le plus original que j'ai pu voir depuis Usual Suspect avec le mystérieux Kaizer Sozé. Leonard Shelby, joué par l'excellent Guy Pearce, déjà vu dans le très bon L.A Confidential, qui a perdu la mémoire immédiate après un traumatisme crânien, part à la recherche de l'assassin de sa femme, un certain John G. Oublieux, Leonard prend des photos de tous ceux qu'il rencontre,
et se tatoue sur le corps des informations qui autrement se dissoudraient aussi vite qu'un claquement de doigts.
L'intérêt du film vient de l'originalité de sa construction narrative, avec un Christopher Nolan qui va nous perdre dans les méandres de la mémoire faillible de Leonard, construisant un long-métrage à l'image de son anti-héros, avec flash-back, replay, et autres procédés narratifs qui plongent le spectateur dans une certaine confusion perplexe. Ce kaléidoscope d'actions fait de ce film un Objet Filmé Non Identifié, jamais vu jusque-là, haletant et mystérieux, dont on est pas sûr de tout saisir, même à la fin. Bref, un des meilleurs polars du 21eme siècle naissant !
GHOST DOG, LA VOIE DU SAMOURAÏ !
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Il y a des films qui résonnent longtemps à cause de leur Bande Originale, ici c'est le cas, avec un Forrest Whitaker qui se la joue tueur à gage version Samouraï, long-métrage original dont Jarmusch a le secret, mis en musique par le groupe RZA.