LE DESERT ROUGE.
Le désert rouge est le premier film en couleur de Michelangelo Antonioni. L'action ou plutôt la non-action se déroule dans une ville industrielle du nord de l'Italie,
sous un ciel bas et lourd, paysage saturé de cheminées d'usines, de monstres d'acier, de brouillard toxique,
de tuyauterie diverse et variée.
Dans ce monde de fumées et de ferrailles, allégorie du productivisme industriel version Magnitogorsk, il y a Giuliana, jouée par l'égérie d'Antonioni, Monica Vitti, qui ballade son mal-être dans ce paysage qui rappelle l'Enfer de Dante.
Femme d'Ugo, directeur d'un site de production, Monica erre sa névrose dans le combinat décrépi, poursuivi par Corrado, interprété par Richard Harris, grand ponte du combinat. La narration se résume alors à une présence, celle de Monica, silencieuse et hébétée,
curieuse des assiduités de Richard Harris,
toujours mystérieuse,
avec son regard perdu vers l' horizon.
Antonioni se fait alors le témoin de ce monde industriel désincarné, laid et pollué, version pessimiste des Temps Modernes de Chaplin, qui s'humanise, parfois, via un regard,
plein de concupiscence froide.
Ni narration classique, ni film à thèse, Antonioni filme l'inhumanité de la société industrielle et son cortège de névroses silencieuses, version Prozac issu de ce brouillard poussiéreux.
Toxique univers,
qui tue même les oiseaux.
Pessimiste et névrosé, ce désert rouge stigmatise cette société industrielle hideuse remplie de ferrailles et de déchets, habitée par des êtres désincarnés.
Antonioni, le maître de l'anti-narration, arrive à nous captiver par cette atmosphère étrange, faite de vacuité silencieuse et d'inertie blafarde. Ne pas regarder si on est dépressif ou durant un week-end pluvieux.
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