Le cinéma de Tietie007.

Le cinéma de Tietie007.

LE DERNIER FACE A FACE.

 

En 1967, alors que Sergio Leone triomphait avec sa "trilogie du $", Sergio Sollima sortait "Le dernier face à face", avec Gian Maria Volonte et Tomas Milian. Plus politique que son grand-frère américain, le western spaghetti va révolutionner les codes narratifs du genre et surtout montrer une réalité sans fard, loin de l'angélisme bon enfant de son alter ego d'outre-manche. Sollima qui, un avant, avait tourné Colorado, western avec Lee Van Cleef et Tomas Milian, remet le couvert pour ce face à face qui va opposer deux hommes et deux philosophies, le professeur Brett Fletcher, joué par Gian Maria Volonte,


 

et l'outlaw Bauregard Bennet, interprété par Tomas Milian.


 

L'intello Fletcher, dandy souffreteux,


va se transformer au contact de cette séduisante crapule de Beauregard.


Il va apprendre à se servir d'une arme,


 

et va savourer le fait d'appartenir à la horde, une bande de réprouvés qui se cachent dans la sierra, commandée par Beauregard.


De l'intellectuel à l'homme d'action, Fletcher va essayer de transformer cette horde en armée, de faire de cette bande de va-nus-pieds une troupe disciplinée, visant à terrasser l'ordre bourgeois,


défendu par l'agence Pinkerton et son agent, Siringo, joué par William Berger.


La nouvelle conception de Fletcher remet en cause, implicitement, le leadership de Beauregard, bandit sans foi ni loi, aux actions sans lendemain.


Mais l'ascension de Fletcher est patente, et le théoricien va se muer en redoutable chef, torturant ses adversaires,


et s'entichant de la plus belle femme du groupe,


jouée par Jolanda Modio.


Mais les pouvoirs établis ne peuvent supporter cette nouvelle bande remettant en cause l'ordre social,


et envoie Siringo pour éliminer les chefs de cette horde.


 

Traquée, la horde et les deux chefs rivaux, vont affronter les hommes de Pinkerton,


à deux contre 50,


avec un Fletcher prêt à tout,


 

même au pire !


 

Sollima fait ici le procès de ces théoriciens de la révolution, pour qui le peuple est plus un "concept" qu'une réalité, et qui dans leur désir de transformer le monde, instrumentalise les petites gens à des fins idéologiques. Beauregard est un bandit, un séduisant vaurien, qui vole, pille, tue, mais il a en lui une certaine humanité dont est en fait dépourvu le professeur Fletcher. Ce dernier voit la violence comme un moyen pour changer le monde, alors que Beauregard se sert juste de l'action violente pour faire vivre la horde. On retrouvera la même problématique, 4 ans plus tard, dans Il était une fois la Révolution de Sergio Leone, avec l'opposition entre le chef de Parti, le Dr Villegas, qui trahira les  siens et le paysan/bandit, joué par Rod Steiger, violent et frustre, mais humain et courageux.

Sollima, comme Leone, s'inscrit dans la mouvance anarchiste et se méfie des pouvoirs institués, fussent-ils révolutionnaires, qui s'incarnent dans des chefs comme Fletcher ou Villegas, qui imposent au peuple un ordre tout aussi coercitif que l'ordre bourgeois.

6 ans plus tard, Leone dans Mon nom est personne, rendra hommage au Dernier face à face, en nommant son anti-héros, le gunfight Henry Fonda, "Beauregard", qui devra combattre une horde.

Le dernier face à face, un western à redécouvrir.


 

 

 

 



22/12/2013
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