Le cinéma de Tietie007.

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JOHN HUSTON, SARTRE, UNE RENCONTRE INTROUVABLE !

  

Dans son Sartre, Annie Cohen-Solal (page 642 à 648, Folio essais),

 

évoque la rencontre improbable entre le cinéaste hollywoodien et l'intellectuel français. Au cours de l'année 1958, alors que JP achevait Les Séquestrés d'AltonaJohn Huston le contacta pour qu'il rédige le scénario d'un film sur Freud. Le réalisateur américain avait déjà monté Huis-clos, en 1946, sur une scène new-yorkaise et admirait le talent de Sartre auquel il proposa 25 000 $, un pont d'or pour un européen, pour travailler sur le scénario de son prochain film.

Machine à parler et à écrire, Huston dit de lui qu'il prenait même des notes de ses propres paroles, Sartre remit un scénario touffu au cinéaste, en décembre 1958, beaucoup trop long et qui fut largement coupé pour le rendre compatible avec le temps cinématographique, un film ne pouvant durer 8 heures, selon les propos d'Huston.  Evidemment, l'amputation de la prose sartrienne mit en colère son géniteur.

Pour arrondir les angles et travailler sur le scénario, le grand John invita l'intellectuel dans son manoir irlandais, à Saint-Clerans, avec Arlette Vian,  à l'automne de l'année 1959.  Entre l'épicurien, grand buveur de whisky et le philosophe français, peu de points communs. D'un côté, un colosse à la tête de boxeur, de l'autre, selon la description de l'américain, "un petit homme trapu et très laid, bouffi, bigleux et avec les dents jaunes" !

Sous le même toit durant une semaine, les deux hommes se croisèrent sans se rencontrer, Huston passant ses journées à chevaucher ses chevaux, Sartre, à ronger son frein, face à ce personnage singulier, silencieux et vide, selon le philosophe, incapable de se concentrer plus de 5 minutes, fuyant le raisonnement et la pensée, quasi analphabète ! Huston, lui, ne supportait pas ce petit homme qui le noyait sous un flot de paroles ininterrompues, en français, et qui ne s'apercevait même pas lorsqu'il s'en allait de la pièce pour un moment, pour échapper à la voix sartrienne, qui saturait tout l'espace.
Les deux hommes, trop dissemblables, le cow-boy de l'Ouest, le vrai,
et l'intello germanopratin, l'amoureux des grands espaces et des chevaux et le client du café de Flore, ne pouvaient se rencontrer !

Sartre exigea que son nom soit levé du générique du film, Freud, passions secrètes, sorti en 1962,

 


et qui fut l'avant-dernier film de Montgomery Clift.

 




03/11/2013
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