Le cinéma de Tietie007.

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HEAT, LE FACE A FACE DE NIRO-PACINO.

 

En 1995 sortait Heat, de Michael Mann, qui avait eu la bonne idée de réunir deux des légendes d'Hollywood, Robert de Niro et Al Pacino qui allaient s'affronter dans un thriller urbain. Michael Mann, dans la lignée d'un Brian de Palma, a le sens de l'esthétique, de l'image sophistiquée, mettant en scène des personnages branchés, fashion victim, à la réussite sociale affirmée, limite "bling bling". Il avait notamment participé, dans les 80, à la production de 2 Flics à Miami, composés d'un duo de flics classieux qui faisaient plutôt gravures de mode par rapport leurs anciens aînés Starsky et Hutch ! Ce parti pris esthétisant se retrouve donc naturellement dans Heat, avec des personnages principaux tout le temps en costards, flics ou voyous, Pacino,

 


ou De Niro.


Les coupes de cheveux sont impeccables, même pendant les scènes d'action, et Pacino, comme à son habitude, cabotine,


toujours un peu hystérique,


 

et gueulard. La scène d'ouverture du film est prenante, avec l'attaque d'un fourgon blindé, avec une bande de braqueurs masqués à la Jason,

 


des pros qui perdent leur sang froid, notamment Waingro, âme damnée de la bande et serial-killer à ses heures perdues.


Première scène ultra-violente, énergique, mais un peu désincarnée, puisque les personnages sont quasi-anonymes. Cette superficialité est un peu la marque de Mann, puisque chez ses personnages, peu d'épaisseur existentielle, l'apparence faisant office de signature ontologique. Et ce n'est pas les petits tracas sentimentaux des uns et des autres, qui parsèment le début du film, avec un Pacino qui a des problèmes conjugaux avec Diane Venora,


 

ou De Niro qui essaie de rabibocher Val Kilmer et sa dulcinée,



 

qui vont donner de la profondeur aux personnages. Ici, les dialogues sont parfois d'une ineptie à couper le souffle, comme lorsqu'on se lamente des cuisses de poulet froides ou que De Niro se fait passer pour un métallurgiste auprès d'une donzelle admirative,


pour finir par mater, romantiquement, la ville endormie piquetée par les point lumineux des réverbères. Des historiettes sentimentales qui n'arrivent pas à ancrer les personnages dans une quelconque épaisseur existentielle et qui nuisent à la nervosité narrative, qui s'endort parfois au coin d'un oreiller. Car après l'attaque initiale, ça parle ou plutôt ça téléphone, en plein jour,

 


dans des cuisines,


dans des hôtels,


en pleine rue,


dans des chambres,


ou des bureaux,


 

et même dans des voitures, avec les nouveaux téléphones cellulaires,


à rendre jaloux l'inspecteur Derrick !

Bref, le film traîne en longueur, entre deux conversations téléphoniques, et on s'ennuie ferme à suivre les péripéties amoureuses des uns et des autres. L'enquête ? Des indics miraculeux qui donnent toujours la bonne info entre deux vols d'hélicos ! Les coups de la bande ? Des affaires qui tombent du ciel et des comparses qui sont même recrutés à l'arrache, en deux-deux dans des restaurants, où des repris de justesse sont reconnus par le boss et acceptent de participer à un braquage de banque en trois secondes.


 

Quant à la fusillade, clou du film, elle est certes impressionnante,


mais est peu crédible, avec des dizaines de flics et des braqueurs, avec des armes de guerre, qui se tirent dessus en pleine rue, avec un Al Pacino, avec sa coiffure à la Jean-Louis David, qui fait péter le gun en prenant la pose, à découvert ,


 

et qui loge une balle dans la tête à un méchant,

 


 

en laissant découvrir sa Rolex !

 


Le seul personnage un peu borderline et authentique reste Wraingo, tatoué aux cheveux longs, pyschopathe décérébré,


 

qui tranche avec cette voyoucratie bling-bling.

Bref, si le film a enchanté les fans des deux acteurs, l'opus mannien m'a laissé de marbre, trop conceptuel et irréaliste, trop peu ancré dans la réalité urbaine, avec une ville/décor sans dimension sociale et populaire, trop branchouille et désincarné, trop téléphonique et téléphonée. Heat restera la version bling-bling du polar urbain, très à la mode dans les années 80/90.

 




24/03/2014
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