Le cinéma de Tietie007.

Ed Wood est venu sur le devant de la scène en 1994,  avec le film de Tim Burton, "Ed Wood", où le plus mauvais cinéaste d'Hollywood était joué par Johnny Depp. Il est vrai que ce cher Ed a fait quelques films, notamment, Plan 9 from Outer Space, en 1958, avec des scénarios curieux et des effets spéciaux calamiteux, style des soucoupes volantes avec les assiettes de la voisine. Ce Glen or Glenda, (titre francisé en Louis ou Louise ?, dans la version française ...)
par contre, n'est pas si mauvais que ça et a même, des effets visuels intéressants. De plus, c'est un film autobiographique puisque cette indécision sexuelle se retrouvait chez le réalisateur, qui pratiquait le travestisme !

Ed Wood a l'idée, originale, d'associer à sa production l'image de Bela Lugosi, ancien Dracula aux canines désormais élimées, qui avait besoin de fraîche pour payer ses impôts !

Lugosi, au regard toujours aussi fou,

joue le rôle du grand architecte, regardant ces pauvres humains dans leur misérable vie, enveloppés dans une enveloppe charnelle qui parfois les emprisonnait. Après quelques réflexions laotseuïennes, style le "feu ça brûle" et "l'eau ça mouille", voici

après une Une de journal qui posait, clairement, la thématique du film,

notre démiurge lugosien  raconta une histoire bien triste, d'un homme qui se sentait femme et qui, rongé(-e) par cette crise identitaire, se donna la mort !

L'enquête sur ce drôle de paroissien mena l'inspecteur Warren, joué par Lyle Talbot, un acteur en perte de vitesse, pour passer de Henry Hattaway à Ed Wood,

chez le docteur Alton, joué par Timothy Farrell.

Ce bon docteur raconta alors à l'inspecteur, le terrible dilemme qui taraudait un certain Glen, joué par Ed Wood Jr,

fiancé à la blonde Barbara,

jouée par Dolores Fuller,  la compagne du moment de Ed. Cette dernière aime son Glen, mais perçoit chez lui un mal être récurrent. Elle ne sait pas que le secret de son petit ami et qu'il rêve de se déguiser en femme,

et que cette pulsion irrépressible le mine, voyant dans ce désir une action diabolique !

Glen a le corps d'un homme, mais les envies d'une femme, lisant sagement Closer,

ou désespérément suppliante

Glen avoua tout à une Barbara désespérée.

Glen, libéré et fautif, entra alors dans un univers onirique,

mi-endormi, mi-éveillé,

où il voit des créatures de rêve,

lascives,

s'adonner au fouet et au bondage, moment le plus curieux du film !

Des plans sur une autoroute,

symbole du conformisme sexuel ambiant,

rythment la narration, même si les transports en commun, c'est quand même mieux,

sous l'oeil toujours lubrique de maître Lugosi.

Mais tout finira bien, puisque Barbara acceptera le travestisme de son homme !

L'histoire, quasi-autobiographique, puisque Ed Wood adorait ce travestir en femme, était scandaleuse, en 1953, dans une Amérique puritaine. D'ailleurs, Dolores Fuller, l'actrice du film, quitta son fiancé de Ed, dans la vraie vie, car elle ne supportait plus les pratiques curieuses de son amant. Le long-métrage navigue entre la confession personnelle et un témoignage sociétal traitant du thème de la transsexualité, qui n'est pas inintéressant, mais qui sombre souvent dans le ridicule à cause de l'allure de Glenda/Ed Wood, en blonde hommasse portant une mauvaise moumoute. Le passage onirico-sado-masochiste était très osé, pour l'époque, et certains scènes, comme les gros plans sur Bela Lugosi ou le visage habité de Glen, sont très réussis. Malgré le côté un peu décalé du film, Ed Wood nous livre une réflexion sur la difficulté d'être différent des autres, aux USA, pays où les postures sociales et sexuelles doivent suivre une longue autoroute tranquille. Bref, plutôt une bonne surprise et un film révolutionnaire, pour son époque, en 1953 !

A déguster tout de suite, en VO, mais je n'ai pas l'impression que les dialogues aient une grande importance !